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"Il faut garder le cap et se retrousser les manches": le rosé de Provence cherche des voix de diversification

"Il faut garder le cap et se retrousser les manches": le rosé de Provence cherche des voix de diversification

"Ne jamais gaspiller une bonne crise!". Winston Churchill le disait, Éric Pastorino le fait et l’inscrit dans le plan stratégique des Côtes de Provence pour en faire une opportunité.

Le jeudi 19 juin à La Londe, ce concept de "crise bien gérée" a été présenté lors de l’assemblée générale du syndicat des Côtes de Provence, première appellation de Provence en volumes et superficies (20.332 hectares), devant une filière viticole surreprésentée.

"Nous vivons une période particulièrement compliquée, le rosé de Provence jusqu’ici a échappé à la crise majeure de déconsommation qui expose surtout les rouges, pour l’instant! On fait un produit qui continuera à plaire, mais il faut garder le cap et se retrousser les manches. Après les années faciles, sans céder au défaitisme, nous devons inventer de nouvelles choses", a insisté le président Éric Pastorino dans son rapport moral.

Croissance plate à l’export

Des propos adossés au rapport financier dévoilé à cette occasion. Depuis dix ans, la courbe des ventes des Côtes de Provence a été divisée par deux en grande distribution, en 2024 les rosés reculent de -3% (-7% pour les rouges) dans les rayons des supermarchés. L’export qui avait été multiplié par cinq dans la même décennie, est aussi en berne.

Avec la conjoncture et la guerre commerciale menée par l’administration Trump, les rosés commercialisés vers les États-Unis, premier marché en volume (37%), surnagent à 0% pour les Côtes de Provence, décrochent à -11% pour les Coteaux Varois et se maintiennent à -3% pour les Coteaux d’Aix-en-Provence.

"Après deux années de baisse pour nos trois appellations, de -9% en 2023 et -4% en 2024, la croissance est assez flat (plate en français, Ndlr). Les Côtes de Provence, par leur notoriété et leur puissance, résistent mieux, mais le contexte commercial reste très perturbé, avec plus de concurrence sur le rosé. D’autres régions imitent à présent le style Provence", analyse Brice Eymard, directeur général du Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP).

Dans ce contexte, avec un potentiel de commercialisation de 715.000 hectolitres de rosés (pour un volume de 800.000 hectolitres en début de campagne 2025), les stocks mobilisés dans les chais sont estimés à 80.000 hectolitres.

"Cela représente 10% de nos volumes, attention à cette situation de marché, pour lesquels il faut penser diverses solutions", alerte Brice Eymard.

Parmi celles envisagées, le vieux dossier des effervescents de Provence refait surface, "il y a un intérêt à développer ce marché non millésimé, qui permettrait de piloter une partie de nos stocks en assemblant plusieurs millésimes avec celui de l’année", explique Brice Eymard. D’autant que la Provence n’est pas née de la dernière pluie, côté bulles.

Les effervescents reviennent sur le tapis

Il y a vingt ans, un collectif d’une cinquantaine de vignerons souhaitant apporter une dimension plus festive à leurs rosés de Provence, avait fait le pari des effervescents en développant une "méthode provençale", portée par leur Association des bulles provençales.

Avec l’espoir de décrocher un décret autorisant la production en appellation Côtes de Provence… qui était resté au placard.

"Alain Combard (château Figuière à La Londe, Ndlr) et d’autres avaient beaucoup travaillé sur ce projet. On était presque arrivés à le finaliser mais le dossier de reconnaissance n’avait pas été présenté à l’Inao (Institut national des appellations d’origine, Ndlr) faute de volumes", a retracé Éric Pastorino.

Le président y voit à présent une voie de diversification prometteuse. "Pourquoi pas le ressortir? Nous avons des disponibilités dans nos caves. En Bourgogne ils l’ont fait avec un crémant de qualité, ce qui a ouvert de nouveaux débouchés aux volumes qu’ils n’arrivaient pas à vendre", met en parallèle le président.

Le syndicat y travaille depuis un an, avec l’objectif de soumettre le dossier à l’Inao en fin d’année.

Bientôt une bulle "méthode provençale"

Une couleur pétale de rose, des bulles fines, des arômes d’agrumes et de fruits rouges. Les effervescents provençaux doivent beaucoup au regretté Alain Combard, l’un des initiateurs de l’association créée il y a une quinzaine d’années pour réfléchir à un cahier des charges spécifique.

Mais si les vignerons en produisent, ce n’est pas en appellation Côtes de Provence, la "méthode provençale" n’ayant jamais franchi le gué de l’Inao, malgré une antériorité historique démontrable (on en produisait déjà au début du XIXe siècle) et quatre gros opérateurs implantés en région, proposant des méthodes de prise de mousse différentes.

Celle dite "méthode provençale" étant bien rodée, le syndicat des Côtes de Provence finalise depuis un an le cahier des charges.

"Ce qui est déjà acté, c’est la deuxième fermentation en bouteille du vin de base (vin tranquille fini, Ndlr), avec un ajout de moûts de raisin, sans sucres exogènes, donc sans augmentation du titre alcoolique", explique Mireille Conrath, œnologue et responsable technique au syndicat des Côtes de Provence.

Parmi les autres critères déjà intégrés: la même aire d’appellation, les mêmes cépages et les mêmes rendements que pour les Côtes de Provence.

Ce qu’il reste à définir dans les prochaines semaines? La couleur (rosé ou blanc, ou les deux), la durée d’élevage (lors de la prise de mousse) et le dosage final en sucre. "On s’oriente vers un non dosé ou très faiblement, pour garder la typicité de Côtes de Provence", indique Mireille Conrath.

Nice Matin

Nice Matin

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